Livres, les dernières rentrées. Mars 2020


Manifeste pour l'invention d'une nouvelle condition paysanne L'Observatoire de l'évolution

Ce que notre actualité finit par révéler c’est qu’il ne saurait exister de civilisation sans qu’existe en son sein une société paysanne respectée. L’âme des communautés humaines était – sans que ce soit généralement reconnu – constituée par un lien fécond entre la société englobante et la paysannerie. Le sacrifice de la vie paysanne avait été celui de la civilisation.

Ce travail, amorcé en 2008 par l’Observatoire de l’évolution, est une contribution à la refondation du politique à laquelle les humains sont nécessairement tenus pour préserver une vie sur Terre non machinale et éviter de se retrouver ensevelis sous un champ de ruines sociales. En premier lieu, il s’agit de comprendre la raison et la force de ce qui arrive, puis le moyen d’y faire face.

L’hypothèse est que la société industrielle, en tant que société de masse, n’est pas réformable. La voie d’une réhabilitation du politique se trouve donc en partie dans une détermination à vivre autrement qu’en suivant les injonctions de la puissance dominante, et dans le renoncement aux anciennes formes de l’engagement. Ce qui suppose d’inventer de nouvelles modalités de vie, sans attendre un changement social généralisé.

Une vie humaine désirable a besoin de s’ancrer dans des territoires habitables. Ce n’est qu’à partir de là qu’il devient possible de formuler les questions existentielles fondamentales. C’est par l’invention d’une nouvelle condition paysanne que l’humain sera en mesure d’œuvrer à satisfaire ses besoins essentiels et pourra tenter de rétablir un tissu de relations harmonieuses avec ce qui l’entoure.

Sortie 2019
14 x 20,5 cm | 272 p. | 24 euros - 200 illustrations en couleur


 Être écoféministe

Théories et pratiques

Oppression des femmes et destruction de la nature seraient deux facettes indissociables d’un modèle de civilisation qu’il faudrait dépasser : telle est la perspective centrale de l’écoféminisme. Mais derrière ce terme se déploie une grande variété de pensées et de pratiques militantes.
Rompant avec une approche chic et apolitique aujourd’hui en vogue, ce livre restitue la richesse et la diversité des théories développées par cette mouvance née il y a plus de 40 ans : critique radicale du capitalisme et de la technoscience, redécouverte des sagesses et savoir-faire traditionnels, réappropriation par les femmes de leur corps, apprentissage d’un rapport intime au cosmos…
 
Dans ce road trip philosophique alternant reportage et analyse, l’auteure nous emmène sur les pas des écoféministes, depuis les Cévennes où certaines tentent l’aventure de la vie en autonomie, jusqu’au nord de l’Inde, chez la star du mouvement Vandana Shiva. Elle révèle aussi les ambiguïtés de ce courant, où se croisent Occidentaux en quête d’alternatives sociales et de transformations personnelles, ONG poursuivant leurs propres stratégies commerciales et politiques, et luttes concrètes de femmes et de communautés indigènes dans les pays du Sud.
4 x 20,5 cm | 320 p. | 20 euros


  La Révolution Communaliste, Écrits de prison.

« L’État-nation a été l’outil fondamental qui a rendu possible l’hégémonie capitaliste. J’ai donc tâché de prouver que le socialisme et l’anticapitalisme […] ne peuvent s’établir sur la base du modèle étatique. »
Depuis 2013, le Rojava mobilise l’attention d’une partie de la gauche de transformation sociale. Piégé entre les dictatures régionales et les puissances impérialistes internationales, ce modeste territoire à majorité kurde, situé au nord de la Syrie, tente de proposer un nouveau modèle révolutionnaire : confédéral, communal, pluriculturel, séculier, écologique et soucieux de l’égalité entre les sexes. Si la bataille de Kobané contre Daech a fait connaître les combattant·es kurdes, on néglige trop souvent la doctrine politique qui les anime.
 
Abdullah Öcalan, cofondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en est, depuis sa prison turque, le principal artisan. Cet ouvrage, le premier en langue française, donne à découvrir – et donc à discuter – la théorie du mouvement révolutionnaire kurde tel qu’il s’avance en Turquie, en Syrie, en Irak et en Iran. Et entend proposer une résolution de l’historique « question kurde ».

Né en 1949 au sud-est de la Turquie, Abdullah Öcalan est l’un des plus anciens prisonniers politiques au monde. Arrêté en 1999, il purge une condamnation à perpétuité. Acteur-clé du conflit, il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages.

Préface d’Olivier Besancenot 256 pages — 10 €
Parution : 6 février 2020


Le crime est presque parfait

Fabrice Nicolino

choc sur les pesticides et les SDHI

Après le succès et la mobilisation massive qui ont suivi la parution de Nous voulons des coquelicots, Fabrice Nicolino commet ici un véritable livre-enquête dans les arcanes des lobbyes de l’industrie des pesticides. Un ouvrage aussi révoltant que fascinant qui se lit comme un polar !

Imaginez. Vous vivez dans un pays démocratique, bardé d’institutions et d’organismes de protection, et voilà que vous apprenez l’existence des SDHI. Des pesticides qui entendent trucider champignons et moisissures dans les récoltes. Sans que vous l’ayez su, ils sont partout : sur 80% des surfaces de blé, sur l’orge, les arbres fruitiers, les tomates, les semences, les pommes de terre, les terrains de foot et de sport, les golfs.

Vous vous renseignez un peu, et vous découvrez que des scientifiques de réputation mondiale ont prévenu dès octobre 2017 les autorités. Pour eux, le danger est immense, car les SDHI s’attaquent à la fonction respi­ratoire de tous les êtres vivants – la SDH. Et donc aux humains, comme le démontrent des études en laboratoire. Or les atteintes à la SDH, chez nous, mènent à des maladies neurologiques épouvantables, et des cancers.

Vous êtes naïf, vous croyez dans les valeurs sacrées de la République, et vous êtes sûr que les agences de protection vont régler l’affaire en trois semaines. Tout au contraire, un silence de six mois s’installe, suivi d’une bouffonnerie d’expertise. Bouffonnerie, car les jeux sont faits d’avance : il faut en réalité sauver les SDHI et jurer qu’ils ne posent aucun problème de santé publique.

Vous êtes naïf, mais pas à ce point-là, et vous décidez de lire ce livre pour comprendre. Vous y apprendrez tout ce qu’on peut savoir d’un dos­sier incroyable, qui montre comme jamais que le lobby des pesticides est installé en profondeur dans l’appareil d’Etat français. Et comme vous êtes ouvert aux révélations, vous convenez avec l’auteur que quelque chose est décidément pourri au royaume de l’agriculture industrielle. Et vous concluez tout seul avec ce seul mot encore disponible, celui de révolte. Oui, un seul mot : révolte.

Fabrice Nicolino est journaliste. Cofondateur du mouvement Nous voulons des coquelicots, il est notamment l’auteur de l’ouvrage éponyme, de Ce qui compte vraiment et de Un empoisonnement universel aux éditions Les Liens qui libèrent.

Date de parution : 11/09/2019

224 pages  12,5x19 cm  20.00 €